Tour à tour singe pitoyable et lion indomptable,
Janus du bon nègre et du tyran africain,
Tes deux masques donnaient toujours sans jamais recevoir,
Coups répétés dans une ivresse frénétique:
Au zinc d'un café de banlieue,
Au coeur et au corps d'une famille éthérée.
Mais à mes yeux, plus que tout autre animal,
Tu as été l'oiseau migrateur, Hermès aigre doux,
Annonçant la chaleur récomfortante du bien-être
A laquelle succédait, sans transition,
La torpeur glaçante de la maltraitance.
J'étais Autre, ni noir, ni blanc,
En dehors des modèles de ton enfance,
Etranger à un adulte flou qui ne s'est jamais cherché.
J'étais surtout enfant d'un désamour, d'un pacte aussi absolu qu'ésotérique
Que tu avais signé avec la taire mère.
Et malgré cela, en même temps que je te craignais, je t'aimais:
Constamment trahi par mon meilleur ennemi,
je me heurtais irrémédiablement à ton mépris,
Symptôme de ta passion pour la haine viscérale que tu cultivais envers moi.
Mais maintenant que tu as descendu la rivière sans retour,
Que je ne crains de toi ni haine, ni courroux,
Que je mesure le mutisme abyssal qui nous séparait,
L'oeil cyclopédique du Père continue d'hanter mes nuits et d'illuminer mes jours.
Trendance
jeudi 19 février 2009
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